Quel rôle pour les villes dans l’accueil et l’intégration des demandeurs d’asile et réfugiés?
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Recevez chaque trimestre le nouveau numéro de Vues d’Europe dans votre boîte mail S'abonnerBosnie : inquiétudes autour du sort des migrants et des demandeurs d'asile
Alors que plus de 7 300 personnes vivent actuellement dans le canton d’Una-Sana, dans le nord-ouest de la Bosnie-Herzégovine, les autorités sont appelées à leur trouver une solution durable à l’approche de l’hiver.
Les tensions se font de plus en plus vives dans ce canton où le nombre de personnes espérant franchir la frontière croate vers l’Union européenne ne cesse de croitre. À la suite d’une visite officielle dans le pays le 1er octobre, le Rapporteur spécial des Nations unies sur les droits de l’homme des migrants, Felipe González Morales, avait exhorté les gouvernements bosnien et croate à agir au plus vite pour améliorer les conditions de vie de ces personnes. Évoquant notamment le camp de Vučjak, proche de la frontière avec la Croatie, il avait également affirmé que « l’emplacement […] du site [était] totalement inapproprié et inadapté pour accueillir des êtres humains ». Constatant l’absence d’eau potable, d’électricité ou encore d’assistance médicale, il avait alors appelé le gouvernement bosnien à proposer des hébergements alternatifs et à cesser les transferts forcés vers le camp.
Malgré ces mises en garde, les autorités locales ont annoncé le 15 octobre que toutes les personnes vivant dans des logements informels, des squats ou des espaces publics dans le canton d’Una-Sana seraient désormais transférées vers le camp de Vučjak. Officiellement, ce transfert avait pour but de leur fournir un abri adéquat à l’approche du froid hivernal, tout en permettant « un retour à la normale pour les citoyens » mécontents de la ville de Bihać, située à proximité du camp. Le maire, Suhret Fazlic, s’était alors insurgé face à cette décision de transfert, et avait annoncé que la municipalité cesserait de fournir une aide au camp à compter du 21 octobre afin de « forcer les institutions de l’État à enfin faire leur travail ». Le 15 novembre, les autorités locales ont à leur tour menacé d’imposer un « confinement total » dans les centres d’hébergement de Bira et Miral, également proches de la frontière avec la Croatie, afin de forcer le gouvernement bosnien à reloger leurs 2 300 résidents et de s’assurer que les contrats de bail ne seraient pas renouvelés.
Chargée de la gestion des deux centres depuis fin 2018, l’Organisation internationale pour les migrations, par la voix de son représentant en Bosnie-Herzégovine Peter Van Der Auweraert, a vivement critiqué ce blocus qui risquait d’avoir de graves conséquences humanitaires dans la région : les personnes ne pouvant plus y être accueillies trouveront désormais refuge dans les bois environnants, où 1 500 personnes vivent déjà dans des abris de fortune, ou au sein du camp de Vučjak. Au cours de leurs visites respectives les 14 novembre et 6 décembre, le Commissaire européen chargé de la Migration Dimitris Avramopoulos, puis la Commissaire aux droits de l’Homme du Conseil de l’Europe Dunja Mijatovic ont appelé à sa fermeture, ce que les autorités bosniennes ont finalement accepté. L’évacuation du camp aura ainsi duré deux jours, les 10 et 11 décembre. Les personnes ont été transférées près de Sarajevo, la capitale bosnienne, soit dans le camp d’Ušivak (370 personnes) ou dans la caserne de Blazuj (330 personnes), encore en travaux mais où toutes les personnes migrantes devraient à terme être hébergées. Dans un second temps, il sera proposé aux personnes vivant dans les bois ou squats environnants, estimées à plus de 4 000 par l’ONG Médecins sans frontière, d’être relogées dans des centres d’accueil dans le reste du pays.
Ce texte reprend différents articles publiés dans plusieurs « Veilles Europe » ces derniers mois : dans celles du 1er au 15 octobre, du 16 au 31 octobre, du 16 au 30 novembre et du 1er au 15 décembre.