Quelle évolution des politiques d'asile dans les pays européens depuis 2015 ?
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Recevez chaque trimestre le nouveau numéro de Vues d’Europe dans votre boîte mail S'abonnerLe Luxembourg et l’Allemagne ont accueilli les premiers mineurs isolés en provenance des camps grecs
Dans le cadre d’un nouveau programme de relocalisation piloté par la Commission européenne qui devrait concerner 1 600 enfants réfugiés coincés dans des camps des îles grecques, 59 sont arrivés au Luxembourg et en Allemagne entre le 15 et le 18 avril.
En mars dernier, le Premier ministre grec, Kyriákos Mitsotákis, alertait de nouveau les membres de l’Union européenne (UE) sur la « tragédie des enfants non accompagnés arrivant en Grèce », en particulier dans les camps surpeuplés des îles de la mer Égée: ces derniers accueillent plus de 42 000 demandeurs d’asile, dont environ 1 500 mineurs non accompagnés.
Sous la pression des institutions européennes, d’associations et de plusieurs élus locaux, l’Allemagne a lancé le 9 mars un appel à créer une “coalition de pays volontaires” pour prendre en charge ces enfants. Aujourd’hui, 10 États membres (France, Belgique, Croatie, Bulgarie, Allemagne, Finlande, Irlande, Portugal, Luxembourg, Lituanie), ainsi que la Suisse, se disent prêts à accueillir 1 600 mineurs isolés ou gravement malades dans le cadre d’une initiative spécifique de relocalisation, en coordination avec la Commission européenne.
L’ouverture des frontières avec la Grèce décidée par le président turc le 28 février, puis la crise sanitaire du COVID-19, ont suspendu pour un temps l’idée de ces transferts. Toutefois, face à l’urgence de la situation, 67 ONG ont exhorté les États membres de l’UE le 3 avril à respecter immédiatement leurs engagements, tout comme le Sénat de Berlin qui a fait part de sa volonté d’accueillir de nombreux mineurs isolés dans la capitale allemande, même sans l’accord du gouvernement fédéral.
Les 12 premiers bénéficiaires, âgés entre 11 et 15 ans, sont finalement arrivés au Luxembourg le 15 avril, avec l’aide du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) et de l’Organisation internationale pour les migrations. 47 autres réfugiés mineurs, originaires de Syrie, d’Afghanistan et d’Érythrée, sont arrivés le 18 avril en Allemagne, où certains ont des membres de leur famille. Ils ont d’abord été placés en quarantaine par précaution sanitaire près de la ville d’Osnabrück, dans le nord-ouest du pays, avant d’être répartis dans différents Länder.
Ces jeunes, identifiés sur le terrain par le Bureau européen d’appui en matière d’asile (EASO) et des ONG grecques, ne devraient donc être que les premiers d’une vaste mobilisation, l’Allemagne voulant par exemple en accueillir jusqu’à 500. Dans les prochaines semaines, plus de 200 enfants devraient rejoindre la Finlande (100), le Portugal (60), la France (50), la Belgique (18) et la Slovénie (4). Par ailleurs, 16 mineurs isolés ont quitté la Grèce le 11 mai pour rejoindre des membres de leur famille au Royaume-Uni dans le cadre du règlement Dublin, tout comme la Suisse qui a accueilli 23 enfants cinq jours plus tard.
Le nombre d’enfants relocalisés demeure cependant relativement faible puisqu’environ 5 000 mineurs isolés vivent actuellement sur l’ensemble du territoire grec.
Ce texte reprend et met à jour l’article publié dans la « Veille Europe » du 16 au 30 avril 2020.