Quelle évolution des politiques d'asile dans les pays européens depuis 2015 ?
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Recevez chaque trimestre le nouveau numéro de Vues d’Europe dans votre boîte mail S'abonnerLes demandeurs d’asile lourdement affectés par la crise sanitaire du COVID-19 en Europe
En Europe, la pandémie de COVID-19 a entraîné l’adoption de nouvelles mesures en matière de politique migratoire, avec des conséquences directes sur la vie des demandeurs d’asile.
Dès le début du mois de mars, et alors que des milliers de personnes se bousculaient aux portes de l’Europe après la décision du président turc Recep Tayyip Erdoğan de ne plus retenir les réfugiés sur son territoire, plusieurs gouvernements européens ont utilisé la crainte de la maladie comme justification à la modification de leur politique migratoire, principalement de fermeture des frontières. Pendant que le gouvernement hongrois fermait le 1er mars ses « camps de transit », seuls lieux où il était possible de déposer une demande d’asile dans le pays, le gouvernement grec utilisait l’argument du coronavirus pour expliquer l’instauration de nouveaux centres fermés. De leur côté, les autorités turques ont finalement indiqué le 18 mars que les postes frontières avec la République hellénique, ouverts le 27 février, allaient être bloqués par mesure de précaution sanitaire après l’augmentation du nombre de personnes malades en Turquie.
C’est dans ces circonstances que le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), qui a été contraint de suspendre les voyages de réinstallation de réfugiés en lien avec l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), a rappelé aux gouvernements le 16 mars que s’il leur était possible de réguler leurs frontières, cela ne devrait en aucun cas perturber l’accès à la demande d’asile. Celui-ci a en effet été suspendu dans de nombreux pays, comme les Pays-Bas, le Danemark ou encore la Roumanie. Devant l’aggravation de la situation sanitaire, le HCR, tout comme l’OIM, ont également travaillé sur une stratégie collective et ont appelé aux dons pour renforcer leurs activités de préparation, de prévention et de réponse au COVID-19. En Europe, les deux organisations ont mis l’accent sur la nécessité pour les personnes migrantes d’avoir accès aux services de santé dans les îles grecques, où le HCR a augmenté la capacité en eau et en assainissement et a fourni des espaces médicaux pour le dépistage, l’isolement et la quarantaine.
Les conséquences dramatiques de la crise sanitaire se font également sentir en Méditerranée. Alors que beaucoup d’exilés tentent toujours de rejoindre l’Europe, notamment pour fuir le regain de violences en Libye, la quasi-totalité des ONG de sauvetage en mer ont décidé de stopper leurs activités, pour préserver la santé de leurs équipes mais aussi des personnes migrantes elles-mêmes. Les associations qui cherchaient un lieu de débarquement après avoir secouru des personnes en route vers l’Europe, comme l’Alan Kurdi début avril, se sont heurtées aux refus de plusieurs pays qui mettaient en avant des conditions sanitaires trop dangereuses : l’Italie a déclaré ses ports comme étant « non sûrs » dans un décret le 7 avril, emboîtant le pas aux autorités maltaises. Les personnes qui parviennent à rejoindre seules l’un de ces pays sont par ailleurs contraintes de suivre une période d’isolement. Les 9 et 16 avril, l’OIM et le Conseil de l’Europe ont appelé les États européens à respecter le droit international et à coopérer avec les ONG pour faire débarquer sans danger les personnes secourues en mer.
Ce texte reprend différents articles publiés dans plusieurs « Veilles Europe » ces derniers mois : dans celles du 1er au 15 mars et du 1er au 15 avril 2020 (ici, ici et ici).