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Recevez chaque trimestre le nouveau numéro de Vues d’Europe dans votre boîte mail S'abonnerRoute des Balkans : de nouvelles mesures pour empêcher l’arrivée des demandeurs d’asile
Ces derniers mois, les gouvernements serbe, bosnien, hongrois et italien ont mis en place plusieurs mesures controversées visant à limiter les arrivées irrégulières le long de la route des Balkans, par laquelle un nombre croissant de personnes tentent de rejoindre l’Europe occidentale.
Alors que la Bosnie ne se trouvait pas sur la « route des Balkans » à proprement dite entre 2015 et 2016, le pays est devenu, ces dernières années, l’un des principaux lieux de transit des migrants en quête d’Europe. Cette évolution peut s’expliquer par les politiques migratoires particulièrement répressives menées par les autres pays de la région, notamment la Hongrie et la Serbie. En juin dernier, la Hongrie avait considérablement restreint l’accès à la procédure d’asile sur son territoire, en obligeant les demandeurs d’asile à s’enregistrer, sauf exceptions, auprès d’une ambassade hongroise à l’étranger. La Serbie a de son côté lancé la construction en août 2020 d’une barrière à la frontière avec la Macédoine du Nord pour « empêcher toute entrée irrégulière ». Pourtant, le nombre de personnes transitant par les pays des Balkans pour gagner l’Union européenne est actuellement bien moindre qu’en 2015, lorsque plus de 880 000 exilés avaient emprunté cette route du sud de l’Europe.
Le gouvernement bosnien, qui estime que la pression migratoire s’est accentuée dans le pays, a durci ses contrôles frontaliers : 8 463 personnes ont été refoulées depuis le début de l’année. L’augmentation des arrivées exaspère une partie de la population, particulièrement à Una-Sana, une zone frontalière de la Croatie. Une interdiction d’entrer et de circuler pour toutes les personnes migrantes, qui seraient au nombre de 3 000, y a été décrétée le 19 août, officiellement pour contrer la propagation de la COVID-19. Pour veiller au respect de cette interdiction, jugée « disproportionnée et discriminatoire » par Amnesty International, des patrouilles sont assurées par la police ainsi que par des milices informelles, et des barrages routiers ont été installés sur les axes qui mènent au canton.
Dans l’attente de pouvoir continuer leur voyage vers la Croatie puis l’Italie, les migrants présents en Bosnie se trouvent donc forcés de vivre dehors ou dans des camps construits par le gouvernement, lesquels sont régulièrement critiqués pour leur vétusté. Dernièrement, la décision des autorités locales d’Una-Sana de transférer les 350 habitants du camp de Bira vers le camp de Lipa, composé de tentes et donc peu adapté à l’hiver, a été qualifiée d’« inutile et inhumaine » par l’Organisation internationale pour les migrations. Diverses violations des droits de l’Homme ont été par ailleurs reportées à la frontière bosno-croate par le Conseil danois pour les réfugiés, qui a fait état des pratiques « choquantes » des fonctionnaires de la police croate, accusés d’avoir passé à tabac et même abusé sexuellement de plusieurs personnes migrantes.
Entre le 1er décembre et la fin du mois de juin 2020, 9 300 personnes sont parvenues à rejoindre l’Italie par la région du Frioul-Vénétie Julienne, frontalière de la Slovénie, soit une augmentation de 60 % par rapport à la même période en 2019. En conséquence, l’Italie et la Slovénie ont également renforcé les contrôles à leurs frontières, multipliant dans le même temps le nombre de refoulements. Selon la ministre de l’Intérieur italienne, 962 personnes ont ainsi été « réadmises » en Slovénie en 2020, contre 250 pour la même période de l’année 2019.
Ce texte reprend différents articles publiés dans plusieurs « Veilles Europe » ces derniers mois : dans celles du 1er au 15 juin, du 16 au 30 juin, du 16 au 30 septembre, du 1er au 15 octobre et du 16 au 31 octobre