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Longtemps pays d’accueil, le Portugal durcit les conditions d’obtention de la nationalité et le regroupement familial
Le gouvernement de centre-droit a annoncé le 23 juin l’allongement de la durée pendant laquelle les personnes étrangères doivent résider régulièrement au Portugal avant de pouvoir demander la nationalité. Elle passe de cinq à sept ans pour les ressortissants de pays lusophones, et double à dix ans pour les autres nationalités. Les conditions du regroupement familial ont également été durcies : les personnes devront résider régulièrement pendant deux ans sur le territoire avant de faire venir des membres de leur famille – exclusivement les mineurs. Début mai, le gouvernement avait déjà annoncé l’éloignement à venir de 18 000 personnes en situation irrégulière. Ces durcissements ont été poussés par le parti d’extrême droite Chega, principal parti d’opposition depuis les élections législatives de mai. Le Conseil national pour les migrations et l’asile s’inquiète de ces changements, soulignant « un recul des droits des communautés immigrées dans des domaines fondamentaux ». Longtemps pays d’accueil, le Portugal bénéficiait d’une politique migratoire parmi les plus ouvertes de l’Union européenne, notamment sur l’accueil des personnes secourues en mer Méditerranée par les ONG.
Fermetures de postes au Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés
Le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) a annoncé lundi 16 juin la suppression d’environ 3 500 postes et de plusieurs centaines de contrats temporaires ainsi que la fermeture de certains de ses bureaux. L’annonce fait suite à de sévères coupes budgétaires liées au gel des financements des États-Unis, auparavant premier contributeur du HCR. L’agence maintient néanmoins une large présence sur tous les continents dans un contexte de hausse constante du nombre de personnes déplacées dans le monde. À la fin de l’année 2024, 123,2 millions de personnes étaient déplacées de force dans le monde, soit 1 personne sur 67. Au mois de mars, l’agence avait alarmé quant au gel des financements des États-Unis qui mettait en danger des « millions de vies » et avait déclaré chercher des moyens innovants pour remplir sa mission et pallier le manque de financements. Elle avait alors dénoncé une « crise de la responsabilité ».
Prolongation d’un an de la protection temporaire accordée aux Ukrainiens
Les États membres de l’Union européenne ont approuvé le 13 juin à l’unanimité la prolongation d’un an, jusqu’en mars 2027, de la protection accordée aux personnes qui ont fui l’Ukraine. Elles bénéficient depuis 2022 d’une protection temporaire leur permettant de séjourner, travailler et accéder à certaines aides au sein de l’UE. À l’origine, la mesure de protection temporaire ne pouvait être prolongée que deux fois fixant la limite de la protection à mars 2025. Cependant, la Commission européenne a étendu cette période par deux fois, jusque mars 2026 puis jusque mars 2027, invoquant la situation « instable » en Ukraine. Cette prolongation survient alors que le soutien de certains États membres commence à s’affaiblir. En Pologne, par exemple, pays qui accueille le plus de personnes exilées d’Ukraine, le candidat nationaliste Karol Nawrocki récemment élu à la présidence du pays s’est engagé à réduire l’aide accordée aux réfugiés ukrainiens.
Le taux d’octroi d’une protection internationale en hausse dans l’Union européenne en 2024
L’Union européenne a accordé une protection internationale à 437.900 personnes en 2024, soit une hausse de 7% par rapport à l’année précédente selon Eurostat. Parmi ces personnes, 42 % ont obtenu le statut de réfugié, 39 % ont bénéficié d’une protection subsidiaire et 19 % ont bénéficié d’un statut humanitaire, prévu dans certaines législations nationales. Le taux de reconnaissance dans l’UE était de 51 % pour les décisions de première instance, et de 27% en appel. L’Allemagne est le pays qui a octroyé le plus de protections internationales, avec 150 500 personnes bénéficiaires, soit 34 % du total de l’UE, devant la France (15 %) et l’Espagne (12 %). Ensemble, ces trois pays ont accordé 61 % de tous les statuts de protection au niveau de l’UE. En 2024, la plupart des bénéficiaires d’un statut de protection dans l’UE étaient des ressortissants syriens (32 %), suivis par les ressortissants afghans (17 %) et les ressortissants vénézuéliens (8 %). Certains États membres ont cependant décidé de suspendre l’examen des demandes d’asile des ressortissants syriens après la chute du régime de Bachar al-Assad en décembre 2024 et les retours volontaires en Syrie se multiplient.
La Commission européenne propose d’accélérer la mise en œuvre du Pacte sur la migration et l’asile et publie une liste de sept « pays d’origine sûr »
La Commission européenne a publié le 16 avril une liste de pays « d’origine sûr », qui comprend le Kosovo, le Bangladesh, la Colombie, l’Egypte, l’Inde, le Maroc et la Tunisie. L’objectif est d’accélérer le traitement des demandes d’asile des ressortissants de ces pays pour aboutir à un délai de trois mois, et donc hâter leur éloignement, les autorités européennes considérant qu’il est peu probable que leurs demandes aboutissent. Les pays candidats à une adhésion à l’Union européenne (UE) sont considérés comme pays d’origine sûr puisqu’ils rempliraient, en principe, les critères de respect des droits humains et de protection des minorités. La Commission rappelle que les États membres doivent toujours procéder à une évaluation individuelle de chaque demande d’asile, indépendamment du fait que la personne vienne ou non d’un pays d’origine sûr. Certaines dispositions du Pacte européen sur la migration et l’asile pourraient également être mises en œuvre avant l’entrée en application officielle du Pacte en juin 2026. Les États pourraient notamment appliquer la procédure d’asile à la frontière pour les personnes dont le pays de nationalité ou de résidence habituelle dispose d’un taux de reconnaissance d’une protection internationale, à l’échelle de l’UE, inférieur ou égal à 20%. Des pays tiers sûrs et des pays d’origine sûr pourraient être désignés, avec des exceptions, ce qui laisserait aux États membres une plus grande flexibilité en excluant des régions spécifiques ou des catégories de personnes clairement identifiables .Le Parlement et le Conseil européen doivent à présent se prononcer sur cette proposition.
Diminution du nombre de franchissements irréguliers des frontières extérieures de l’Union européenne et accroissement des risques de refoulements
Selon les données recueillies par l’Agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes (Frontex), le nombre de franchissements irréguliers des frontières extérieures de l’UE au premier semestre 2025 aurait diminué de 31%. Parallèlement, les risques de refoulements de personnes exilées aux frontières européennes se multiplient. En janvier dernier, la Cour européenne des droits de l’homme a condamné la Grèce dans une affaire de refoulement. Trois mois plus tard, Frontex a ouvert une enquête concernant les accusations de refoulements de personnes exilées aux frontières grecques. À la frontière Nord-Est de l’Europe, le gouvernement finlandais a prolongé la fermeture de sa frontière avec la Russie, lui permettant de refouler les personnes à la frontière, sans leur laisser la possibilité de demander l’asile, en violation du droit international. De surcroit, le 12 février, la Cour européenne des droits de l’homme a commencé à examiner trois affaires contre la Pologne, la Lettonie et la Lituanie pour des allégations de refoulements vers le Bélarus. Malgré ce contexte alarmant, les ministres de l’intérieur de cinq pays méditerranéens (Italie, Espagne, Grèce, Chypre et Malte) ont réclamé, dans une déclaration commune, un renforcement du pouvoir de Frontex afin de prévenir la migration irrégulière et de surveiller les frontières, augmentant ainsi les risques de refoulements en Méditerranée.
Les ONG européennes attaquées par l’Union européenne et des États membres concernant la transparence de l’utilisation des fonds européens
La Cour des comptes de l’UE a publié le 7 avril un rapport sur la « transparence des financements accordés par l’UE aux ONG », dans lequel elle critique l’opacité de l’utilisation des fonds accordés aux ONG et réclame une plus grande transparence. Le rapport a été publié dans un contexte de division du Parlement européen sur la question du financement des ONG, alors que le Parti populaire européen défend une législation pour surveiller les ONG financées par l’UE qui travaillent sur les questions environnementales, les droits des personnes migrantes et LGBTI+. Certains États membres s’en prennent également aux financements des ONG. Le gouvernement grec suspecte sept ONG d’avoir « aidé et encouragé des réseaux de trafic de migrants », la Slovaquie a adopté une loi obligeant les ONG (désignées comme « agents de l’étranger ») à rendre publiques leurs sources de financement, et une enquête au Parlement allemand est ouverte sur la « neutralité politique des organisations financées par l’État ». Les ONG, y compris celles qui défendent les droits des personnes exilées, s’inquiètent de cette répression : selon un rapport de l’ONG Picum, la « criminalisation de la solidarité » avec les personnes migrantes est en hausse en Europe, pour la quatrième année consécutive.
L’Italie anti-immigration de Meloni embauche massivement des ressortissants de pays hors-UE pour pallier la pénurie de main d’œuvre
Entre 2023 et 2025, 450 000 permis de séjour ont été accordés à des travailleurs et travailleuses étrangères pour combler la pénurie de main-d’œuvre dans divers secteurs en Italie. Le recrutement de ces personnes venues principalement d’Ukraine, des Philippines et du Pérou, s’effectue pendant quatre jours, pendant lesquels les entreprises ou familles qui souhaitent embaucher remplissent une demande en ligne. Le nombre d’entrées est établi par décret du ministère de l’intérieur pour des secteurs spécifiques tels que l’agriculture, l’hôtellerie-restauration, la santé et l’aide à domicile et à la personne. Pour l’année 2025, un quota de 181 450 entrées a été prévu. Cette politique de recrutement hors UE révèle le paradoxe italien. Malgré l’importante pénurie de main d’œuvre dans les secteurs clefs de l’économie et l’organisation d’une immigration de travail indispensable, le gouvernement d’extrême droite de Giorgia Meloni affiche une politique très hostile à l’immigration à travers la construction de centres d’externalisation de la demande d’asile en Albanie, la déclaration de l’état d’urgence en 2023 en raison d’une « hausse considérable » du nombre d’arrivées, ou encore un rapprochement avec les extrême-droites anti-immigration de toute l’Europe.
