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Le taux d’octroi d’une protection internationale en hausse dans l’Union européenne en 2024
L’Union européenne a accordé une protection internationale à 437.900 personnes en 2024, soit une hausse de 7% par rapport à l’année précédente selon Eurostat. Parmi ces personnes, 42 % ont obtenu le statut de réfugié, 39 % ont bénéficié d’une protection subsidiaire et 19 % ont bénéficié d’un statut humanitaire, prévu dans certaines législations nationales. Le taux de reconnaissance dans l’UE était de 51 % pour les décisions de première instance, et de 27% en appel. L’Allemagne est le pays qui a octroyé le plus de protections internationales, avec 150 500 personnes bénéficiaires, soit 34 % du total de l’UE, devant la France (15 %) et l’Espagne (12 %). Ensemble, ces trois pays ont accordé 61 % de tous les statuts de protection au niveau de l’UE. En 2024, la plupart des bénéficiaires d’un statut de protection dans l’UE étaient des ressortissants syriens (32 %), suivis par les ressortissants afghans (17 %) et les ressortissants vénézuéliens (8 %). Certains États membres ont cependant décidé de suspendre l’examen des demandes d’asile des ressortissants syriens après la chute du régime de Bachar al-Assad en décembre 2024 et les retours volontaires en Syrie se multiplient.
La Commission européenne propose d’accélérer la mise en œuvre du Pacte sur la migration et l’asile et publie une liste de sept « pays d’origine sûr »
La Commission européenne a publié le 16 avril une liste de pays « d’origine sûr », qui comprend le Kosovo, le Bangladesh, la Colombie, l’Egypte, l’Inde, le Maroc et la Tunisie. L’objectif est d’accélérer le traitement des demandes d’asile des ressortissants de ces pays pour aboutir à un délai de trois mois, et donc hâter leur éloignement, les autorités européennes considérant qu’il est peu probable que leurs demandes aboutissent. Les pays candidats à une adhésion à l’Union européenne (UE) sont considérés comme pays d’origine sûr puisqu’ils rempliraient, en principe, les critères de respect des droits humains et de protection des minorités. La Commission rappelle que les États membres doivent toujours procéder à une évaluation individuelle de chaque demande d’asile, indépendamment du fait que la personne vienne ou non d’un pays d’origine sûr. Certaines dispositions du Pacte européen sur la migration et l’asile pourraient également être mises en œuvre avant l’entrée en application officielle du Pacte en juin 2026. Les États pourraient notamment appliquer la procédure d’asile à la frontière pour les personnes dont le pays de nationalité ou de résidence habituelle dispose d’un taux de reconnaissance d’une protection internationale, à l’échelle de l’UE, inférieur ou égal à 20%. Des pays tiers sûrs et des pays d’origine sûr pourraient être désignés, avec des exceptions, ce qui laisserait aux États membres une plus grande flexibilité en excluant des régions spécifiques ou des catégories de personnes clairement identifiables .Le Parlement et le Conseil européen doivent à présent se prononcer sur cette proposition.
Diminution du nombre de franchissements irréguliers des frontières extérieures de l’Union européenne et accroissement des risques de refoulements
Selon les données recueillies par l’Agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes (Frontex), le nombre de franchissements irréguliers des frontières extérieures de l’UE au premier semestre 2025 aurait diminué de 31%. Parallèlement, les risques de refoulements de personnes exilées aux frontières européennes se multiplient. En janvier dernier, la Cour européenne des droits de l’homme a condamné la Grèce dans une affaire de refoulement. Trois mois plus tard, Frontex a ouvert une enquête concernant les accusations de refoulements de personnes exilées aux frontières grecques. À la frontière Nord-Est de l’Europe, le gouvernement finlandais a prolongé la fermeture de sa frontière avec la Russie, lui permettant de refouler les personnes à la frontière, sans leur laisser la possibilité de demander l’asile, en violation du droit international. De surcroit, le 12 février, la Cour européenne des droits de l’homme a commencé à examiner trois affaires contre la Pologne, la Lettonie et la Lituanie pour des allégations de refoulements vers le Bélarus. Malgré ce contexte alarmant, les ministres de l’intérieur de cinq pays méditerranéens (Italie, Espagne, Grèce, Chypre et Malte) ont réclamé, dans une déclaration commune, un renforcement du pouvoir de Frontex afin de prévenir la migration irrégulière et de surveiller les frontières, augmentant ainsi les risques de refoulements en Méditerranée.
Les ONG européennes attaquées par l’Union européenne et des États membres concernant la transparence de l’utilisation des fonds européens
La Cour des comptes de l’UE a publié le 7 avril un rapport sur la « transparence des financements accordés par l’UE aux ONG », dans lequel elle critique l’opacité de l’utilisation des fonds accordés aux ONG et réclame une plus grande transparence. Le rapport a été publié dans un contexte de division du Parlement européen sur la question du financement des ONG, alors que le Parti populaire européen défend une législation pour surveiller les ONG financées par l’UE qui travaillent sur les questions environnementales, les droits des personnes migrantes et LGBTI+. Certains États membres s’en prennent également aux financements des ONG. Le gouvernement grec suspecte sept ONG d’avoir « aidé et encouragé des réseaux de trafic de migrants », la Slovaquie a adopté une loi obligeant les ONG (désignées comme « agents de l’étranger ») à rendre publiques leurs sources de financement, et une enquête au Parlement allemand est ouverte sur la « neutralité politique des organisations financées par l’État ». Les ONG, y compris celles qui défendent les droits des personnes exilées, s’inquiètent de cette répression : selon un rapport de l’ONG Picum, la « criminalisation de la solidarité » avec les personnes migrantes est en hausse en Europe, pour la quatrième année consécutive.
L’Italie anti-immigration de Meloni embauche massivement des ressortissants de pays hors-UE pour pallier la pénurie de main d’œuvre
Entre 2023 et 2025, 450 000 permis de séjour ont été accordés à des travailleurs et travailleuses étrangères pour combler la pénurie de main-d’œuvre dans divers secteurs en Italie. Le recrutement de ces personnes venues principalement d’Ukraine, des Philippines et du Pérou, s’effectue pendant quatre jours, pendant lesquels les entreprises ou familles qui souhaitent embaucher remplissent une demande en ligne. Le nombre d’entrées est établi par décret du ministère de l’intérieur pour des secteurs spécifiques tels que l’agriculture, l’hôtellerie-restauration, la santé et l’aide à domicile et à la personne. Pour l’année 2025, un quota de 181 450 entrées a été prévu. Cette politique de recrutement hors UE révèle le paradoxe italien. Malgré l’importante pénurie de main d’œuvre dans les secteurs clefs de l’économie et l’organisation d’une immigration de travail indispensable, le gouvernement d’extrême droite de Giorgia Meloni affiche une politique très hostile à l’immigration à travers la construction de centres d’externalisation de la demande d’asile en Albanie, la déclaration de l’état d’urgence en 2023 en raison d’une « hausse considérable » du nombre d’arrivées, ou encore un rapprochement avec les extrême-droites anti-immigration de toute l’Europe.
L’organisation du « retour volontaire » en Syrie par Chypre et l’Autriche
Depuis la chute du régime de Bachar al-Assad le 8 décembre 2024, les procédures de retour volontaire des personnes originaires de Syrie se multiplient à Chypre et en Autriche. À Chypre, 755 des 30 000 personnes syriennes présentes sur le territoire seraient volontairement retournées en Syrie depuis décembre. En Autriche, 440 séances de conseil au retour auraient été organisées et 80 personnes syriennes auraient déjà quitté le pays. Les autorités chypriotes et autrichiennes encouragent activement ces retours volontaires en prenant en charge un aller simple et en offrant respectivement 1 500 € et 1 000 € à toute personne qui accepterait ce retour. En cas de retour volontaire, la demande d’asile ou le statut de protection internationale sont révoqués. Le Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (HCR) rappelle que les retours en Syrie doivent se faire à l’issue d’une « décision volontaire éclairée » et sans aucune forme de pression.
Les gouvernements espagnol et canarien s’accordent sur la répartition de mineurs isolés étrangers
La ministre de la jeunesse et de l’enfance, Sira Rego, et le président du gouvernement des Canaries, Fernando Clavijo, ont conclu un accord jeudi 6 février 2025 pour répartir 4 500 mineurs isolés étrangers sur le territoire espagnol. Les critères de répartition coïncident avec ceux précédemment établis par le ministère et les communautés autonomes lors de la conférence sectorielle de 2022. Ces critères tiendront compte de la population, du revenu par habitant, du taux de chômage ou encore des efforts d’accueil précédents de chaque communauté autonome. La répartition concerne donc 4 500 mineurs – 4 000 depuis les Canaries et 500 depuis Ceuta – dans l’objectif de « décongestionner » les dispositifs de prise en charge de ces territoires. Depuis le printemps 2024, la capacité d’accueil des centres pour mineurs isolés étrangers des îles Canaries est en effet largement dépassée. L’archipel a dû prendre en charge jusqu’à 6 000 mineurs, alors que la capacité d’accueil est limitée à 2 000 places. Depuis 2020, la route migratoire vers l’archipel est redevenue l’une des principales voies d’entrée en Europe.
Gel des financements américains : des conséquences néfastes pour les ONG humanitaires d’aide aux personnes migrantes
Dès son investiture le 20 janvier 2025, Donald Trump a signé un décret qui suspend les programmes d’aide étrangère des États-Unis pour une durée de 90 jours et démantèle l’Agence américaine pour le développement international (USAID).. Les Etats-Unis sont le premier contributeur mondial à l’aide publique au développement, et d’innombrables ONG, ainsi que des organisations internationales, sont concernées. Ainsi, le HCR a annoncé mettre en œuvre « une série de mesures de précaution temporaires pour atténuer l’impact lié à cette incertitude autour du financement ». Les États-Unis, premier contributeur du HCR, avaient promis 200 millions de dollars d’aide pour l’année 2025. Si un juge fédéral a suspendu le gel des fonds américains le 14 février, l’impact s’est déjà fait ressentir en Europe. Le Norwegian Refugee Council a annoncé la suspension de ses activités dans 20 pays et environ 80% des ONG actives en Europe de l’Est, notamment en Ukraine, et dans les Balkans occidentaux, ont été directement affectées par le gel de l’USAID, certaines ayant perdu la quasi-totalité de leur financement. Le Commissaire aux droits de l’homme de Conseil de l’Europe a appelé les États membres à soutenir la société civile et « l’architecture internationale des droits humains ».